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» Affaire Dangote de Wade à Macky : Un complot d'Etat Histoire d’un complot contre feu Serigne Saliou Mbacké et sa famille (Quotidien Libération du 8 octobre 2013 - Par Yaxam Mbaye et Cheikh Mbacké Guissé)
Se planquer derrière la dernière décision judiciaire dans cette affaire, en l’occurrence l’arrêt de la Cour Suprême, mensongèrement interprétée, pour en tirer une conclusion défavorable aux héritiers du défunt Khalife général des mourides, Serigne Saliou Mbacké, avant de crier telles des orfraies : « Que force reste à la loi ». Ensuite, brandir le péril qui menaçait des milliers d’emplois directs si la cimenterie de Pout ne venait pas à être opérationnelle, dans le but de monter des centaines de milliers de Sénégalais contre des chefs religieux insidieusement présentés comme des accapareurs des terres du Domaine national. Enfin, présenter le geste de la première fortune d’Afrique, consistant en un investissement lourd au Sénégal, comme une démarche panafricaniste que des considérations partisanes - pour ne pas dire confrériques - ne sauraient remettre en cause. La parade est toute trouvée pour masquer la vérité dans cette affaire « Héritiers de feu Serigne Saliou contre Aliko Dangote » : un complot dans lequel l’Etat, si ce n’est nos plus hautes autorités, n’ont cessé de tremper depuis le commencement. Révélations !
Une constante : l’Etat, pour ne pas dire le Palais, s’est toujours mêlé de l’affaire qui oppose les héritiers de feu Serigne Saliou Mbacké à Aliko Dangote. Naturellement, tout commence avec le Président Wade, sous le régime de l’alternance, qui a octroyé les terres en question aux deux parties. Même s’il est inutile de relever qu’il ne s’est pas déplacé jusqu’à Pout avec son cortège pour procéder au fameux traçage, l’œuvre de techniciens des domaines qui se sont manifestement et royalement plantés d’où cet empiétement accoucheur du contentieux.
Le problème constaté par les services de l’Etat et que ne nie pas la partie adverse (lire les aveux de Aliko Dangote, ci-contre) il est important de relever que c’est Serigne Moustapha Saliou Mbacké qui a estimé devoir saisir la justice. S’opposant ainsi aux radicaux de son camp qui voulaient « solutionner autrement » l’empiétement de Dangote Industries sur les terres son père, feu le Khalife général des Mourides. Dés qu’elle a été saisie, la justice à ordonné l’arrêt des travaux sur le site litigieux. Laquelle décision a été signifiée à Dangote Industries par voie d’huissier. A l’époque, aucune construction n’avait été encore faite sur le site, si ce n’est des baraquements devant accueillir du matériel et des ouvriers du chantier.
Coup de tonnerre
Alors, une question se pose : qu’est-ce qui a fait que les travaux aient commencé et qu’une cimenterie ait finalement été édifiée sur le site litigieux ? La réponse est simple et renvoie aux micmacs naissants des plus hautes autorités étatiques : le préfet, qui intervenait hier et qui continue d’intervenir aujourd’hui, sur instruction venant d’en haut, n’a pas bougé pour faire exécuter la décision de justice. Qui est assez puissant pour faire obstacle à l’exécution de décisions de justice, étant d’ailleurs précisé que si les jugements sont rendus par la justice, leur exécution relève pour l’essentiel de l’action du pouvoir exécutif ? En vérité, c’est de la présidence de la république, alors sous Wade, que les entreprises présentes sur le site étaient « encouragées » à poursuivre les travaux et faire peu de cas des décisions de justice.
Ensuite, survint la Deuxième Alternance. Par arrêt en date du 17 juillet 2012, la Cour d’Appel de Dakar ordonne l’expulsion de la société Dangote Industries du site litigieux. Les héritiers de Serigne Saliou Mbacké, conformément à la loi, entament l’exécution de cette décision : un huissier est saisi, qui adresse une réquisition à la gendarmerie en vue d’une assistance. Il est important de noter que la grosse des décisions de justice comporte toujours injonction faite aux forces publiques d’assister l’huissier chargé de l’exécution. Il s’agit d’un ordre de la loi qui se suffit à lui-même et qui ne requiert pas l’assentiment ou l’approbation d’une autorité hiérarchique. Et l’agent compétent de la force publique s’expose même à des poursuites pénales s’il refuse de prêter main forte à l’agent d’exécution. Seulement, ici, c’est le coup de tonnerre : lorsque la gendarmerie est saisie par l’huissier, elle réclame plus de…cinq (5) millions de francs Cfa au titre des frais d’assistance. Incroyable, mais vrai !
Coup de théâtre
Mais les héritiers de feu Serigne Saliou Mbacké, comprenant que quelque chose se trame contre eux - une stratégie bien planifiée tendant à les décourager d’exécuter l’arrêt de la Cour d’Appel - déjouent la ruse. Ils débloquent le montant réclamé et le remettent à l’huissier. Alors, intervient un autre coup de théâtre : l’huissier qui s’est rendu au rendez-vous que la gendarmerie lui a fixé en vue de l’assister, ne voit l’ombre d’une tenue bleue. Alors, il se résout à rendre compte aux avocats des héritiers de feu Serigne Saliou Mbacké, qui refusent cependant de s’avouer vaincus par des manigances visant à empêcher l’expulsion ordonnée par la justice des occupants du site. Ainsi, il s saisissent les autorités de la gendarmerie au niveau le plus élevé, de même que certaines autorités gouvernementales. C’est à ce moment que les autorités étatiques ayant apprécié la farouche détermination de Serigne Cheikh , Khalife de feu Serigne Saliou Mbacké , et des autres frères, au premier rang desquels Serigne Moustapha Saliou, ont changé de fusil d’épaule, tout en ne cessant pas les manigances. Il est demandé au préfet de Thiès de prendre un arrêt portant interdiction des travaux sur le site jusqu’à ce que le litige soit définitivement vidé par la justice. Le même préfet qui, saisi par les avocats des héritiers de feu Serigne Saliou Mbacké, avait refusé d’agir lorsque le Tribunal Régional de Thiès a ordonné l’arrêt des travaux. Autrement dit, et pour mieux éclairer l’entourloupe, l’arrêt du préfet de Thiès est intervenu en pleine procédure d’exécution de l’arrêt de la cour d’appel ordonnant l’expulsion des occupants du site. A quoi bon cette mesure après que la justice a rendu une décision d’expulsion qui, en droit et par rapport aux effets, est de loin supérieure à un arrêté préfectoral ? Pourquoi prendre une décision administrative d’arrêt de travaux alors que les occupants ainsi que leurs constructions et leur matériel devaient être dégagés du site ?
Un seul mot d’ordre : Protéger Dangote
La réponse coule de source : il faut protéger Aliko Dangote en contrecarrant l’expulsion des entreprises œuvrant sur le site pour son compte. La preuve de cette collision ? Les gendarmes qui avaient disparu, réapparaissent brusquement et, lorsque le même huissier qui les avait cherchés partout dans les forets de Pout les interpelle à nouveau, leur réponse est sans équivoque : « Nous avons reçu instruction d’exécuter l’arrêt du préfet de Thiès et donc d’interdire l’accès au site à toute personne y compris à vous huissier et à vos collaborateurs ». Inutile de s’interroger sur les identités des donneurs d’ordre.
Cependant on peut oser dire que c’est la première fois dans l’histoire judiciaire du Sénégal que l’Etat donne ordre aux forces publiques de s’opposer à l’exécution d’une décision de justice. Aussi, il n’est point d’étonnant que lorsque cette décision a été remise en cause par la Cour Suprême, qui renvoie les parties devant la cour d’Appel pour que l’affaire soit rejugée, le même Etat qui s’était opposé à son exécution, s’est dépêché de lever l’arrêt d’interdiction du préfet. Le même Etat du Sénégal est allé jusqu’à ignorer loyalement que l’interdiction était faite jusqu’à ce que le litige soit définitivement vidé par la justice. Au commencement était donc l’Etat, dont les tenants n’ont cessé de comploter contre un Sénégalais au profit d’un Nigérian, n’en déplaise aux thuriféraires de tous les bords qui tentent de faire croire le contraire. Libération du 8 octobre 2013
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