Témoignages sur Serigne Abdou Khadre MBACKE 
Par Serigne Abdou Samad MbackéFils de Cheikh Abdou Khadre MBACKE
(Extrait journal Mouride n°05 1998)


A l’âge de 7 ans, le Cheikh Al Khadim lui donne sa première leçon d’alphabétisation puis l’envoya à Ndam, chez Serigne Abdou Rahman LÔ pour apprendre le Coran. Plutard, il est confié à Serigne Mbacké BOUSSO où il excélla dans les Sciences religieuses, les Hadiths et l’histoire de l’Islam. Sa passion était le savoir et la connaissance. Sa caractéristique était l’obéissance et la conformité à l’enseignement de Khadimou Rassoul tout en restant fidéle aux recommandations de ses fréres qu’il aimait et respectait.

Il ne se disputait jamais et disait que les biens matériels et l’autorité ne l’intéressaient pas, car il avait donné sa totalité à Serigne TOUBA dont il espéré tout.
Tant que l’enseignement de Serigne TOUBA demeurait vivace en lui le reste n’avait pas d’importance. Serigne Abdou Khadre reconnaisait sa mission comme étant la conformité à la Sounna ce qui lui valu le titre de Imam El Mouridine. On disait qu’il ressemblait beaucoup à son père physiquement. Serigne Abdou Khadre a était l’Imam de la Grande Mosquée de TOUBA pendant 21 ans durant lesquels il exhortait les mourides à la connaissance et à l’action dans la conformité du message Prophètique. Il mettait toujours l’action sur la rectitude et la lecture du Coran qui renfermaient tous les bienfaits ainsi qu’il l’enseignait à ses fils.
Durant tout son Imamat Serigne Abdou Khadre n’avait jamais manqué une prière à la mosquée qu’il avait bâtit à son domicile ni une prière collective du vendredi à la Grande Mosquée de TOUBA à l’exception de la période de son pélmerinage à la Mecque et la dernière semaine avant son rappel à DIEU alors qu’il était malade.
Les mourides avaient annoncés sa mort quand il ne le virent pas ce vendredi là. Il avait souhaité avant la mort en connaître les affres. C’est à dire tomber malade et subir les angoisses de l’agonie en hommage au Prophète Elu (Paix et Salut sur Lui). Allah l’avait honoré de cela si bien que les derniers jours de sa vie il parvenait à diriger la prière chez lui en compagnie de ses intimes et les membres de sa famille. Les relations de Serigne Abdou Khabre avec ses fréres étaient excéllentes et très intimes, mais celles avec Serigne Saliou étaient particulières. Ainsi, quand Serigne Saliou a voulu prendre le Wird Ma’khudh il écrivit une lettre à Serigne Mbacké BOUSSO lui demanda l’izn tout en précisant qu’il souhaitait la médiation de Serigne Abdou Khadre dans la transmission ce qui laissait Serigne Mbacké BOUSSO étonné de la foi de Serigne Saliou en Serigne Abdou Khadre.

Extrait de l’Editorial intitulé " DE L’IMAM-KHALIFE AU KHALIFE-TALIBE " Soleil du Mardi 15/05/1990, sous la plume de Monsieur Alioune DRAME
Cela peut paraître étrange, chez nous, mais c’est ainsi : Touba ne pleure pas ses morts. La consternation, la peine et l’émotion ressenties par les talibés, à travers une douleur sans nom, comme le décès d’un khalife général, sont très vite contenues, avec une grande dignité, par cette foi inébranlable qui caractérise le mouridisme. Ce comportement altier et admirable découle d’autant moins d’un fatalisme primaire qu’il traduit une certaine conception de la mort qui privilégie le parachèvement d’une vie au détriment de l’arrêt d’une existence.
A ce propos, la vie de Serigne Abdou Khadre Mbacké fut exemplaire à tout point de vue. Fils de son père, le vénéré Cheikh Ahmadou Bamba, jusqu’aux tics, cet érudit imbu de soufisme, aura, jusqu’à son dernier souffle, symbolisé la permanence du message de son saint père en incarnant, à la fois et de façon pleine, toutes les valeurs du mouridisme, de cet Islam de Dieu et de son prophète Mohammed (P.S.L.) par lequel nous nous accomplissons pour nous épanouir dans l’espérance. Il aura surtout marqué de son empreinte indélébile, faite d’érudition, de piété, de bonté et de sagesse, l’imamat de la Grande Mosquée de Touba qu’il assuma pendant deux décennies. Son incursion dans le khalifat, qu’il prévoyait, lui-même, très brève, pourrait être aujourd’hui perçue comme la soumission à un destin obligatoire pour clore le registre exceptionnel que lui avait prédit son père. Homme de Dieu, homme du Livre, hors du commun, Serigne Abdou Khadre est parti comme il était venu, dans la plus grande discrétion, comme pour ne pas gêner.
Il aura laissé, ineffaçables dans nos mémoires, sa silhouette sympathique, son visage d’ange et l’image d’un immense espoir furtif. Mais heureusement qu’il nous a appris en très peu de temps à ne pas désespérer. Et l’avènement de son frère, Serigne Saliou Mbacké est venu, aussitôt, l’attester en ce qu’il nous met en présence de l’Homme qui personnifie à souhait les deux piliers du mouridisme originel, à savoir la prière et le travail.

(Soleil du 15 Mai 1990)

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