Pourtant, rien de ce qui fut en 1991 ne pouvait laisser augurer un tel dénouement. En fait, il y a 22 ans que le Gouvernement sénégalais donnait ces 45 000 hectares de terres au regretté Serigne Saliou qui s’engagea à les utiliser pour les besoins de l’Agriculture. En son temps, les terres offraient un visage lugubre, avec des hyènes et autres animaux sauvages qui menaçaient, de manière permanente, la vie humaine.
Le 5ème Khalife Mouride releva le défi, même si à ses débuts, Khelcom était difficile à vivre. Un des principaux Diawrignes qui a accepté de se confier, dira que les premiers mourides qui ont osé affronter les 5 premières années ces périmètres agricoles, ont souffert le martyr. Il n’y avait pas d’électricité, encore moins de l’eau. Les personnes venues travailler bouclaient des dizaines de kilomètres à pied pour rejoindre les champs et c’était rare, ajoute-t-il , de boucler une journée sans être mis au courant qu’une personne a été mordue par un serpent venimeux ou piquée par un scorpion mortel. « Il n’y avait que les véritables mourides imbus des vraies valeurs du mouridisme, friands de l’héritage religieux de Serigne Touba, qui osaient répondre à l’appel du marabout ». La mort dans l’âme, notre interlocuteur ajoutera : « aujourd’hui que de bonnes conditions pour un bon séjour sont proposées par des bonnes volontés, tout le monde vient. Cette ruée, en soi est salutaire Car Khelcom est devenue aujourd’hui la clef du développement du Sénégal ».
Un « pays » savamment bien dessiné par un « géomètre » hors pair,Khelcom compte 15 foyers de ce genre, distants de 9 kilomètres, les uns des autres. Citons : Touba Khelcom, Darou Miname, Darou Moukhty, Ndindy, Darou Salam , Dianatoul Mahwa, Ousnoul Mahab , Darou Rahmane, Taiba, Darou Khoudoss etc… Au niveau de chaque daara, des forages ont été creusés, des postes de santé installées, un hôpital mis en place, des routes tracées et bitumées. Chaque daara est bien organisé avec un Diawrigne à la tête. Il veille sur 313 enfants venus apprendre le Coran et recevoir une bonne éducation. Celui que les talibés surnomment « Borom Ndiouroul ak Ndianpandal » a donné, de son vivant, l’allure d’un opérateur économique sans pareil. En fait, Serigne Saliou a, toujours, fait de l’émancipation économique de l’être humain une obligation, facilement, satisfaisable par le biais de l’Agriculture ».
Le regretté Khalife a très tôt compris que l’Agriculture, de manière générale, tardait à prendre son envol à cause de la tendance des Sénégalais à délaisser le secteur. « Le Sénégal ne peut pas se développer sans l’Agriculture. Il fut osé attaquer les forêts, les défricher et s’assurer une bonne disponibilité de l’eau », confie un Diawrigne vasé à Dianatoul Mahwa depuis le rappel à Dieu de son guide spirituel en 2007. La leçon aux Sénégalais et à l’Etat du Sénégalais a été de le dire que le développement du pays passait par l’agriculture et qu’il fallait oser affronter les grands espaces encore inutilisables. Aujourd’hui, le chemin est encore long pour atteindre l’autosuffisance alimentaire nécessaire pour entrer dans l’ère du développement.
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