HOMMAGE AUX INTERPRETES DE KHASSAIDES 

Aujourd’hui nous ne parlerons par des khassaides écrits par le Cheikh, nous sommes par ailleurs incapables de vous les traduire. Nous n’allons pas évoquer les contextes particuliers à chaque khassaide ni des vertus liées ou prétées à tel ou tel khassida. Contentons nous de parler des interprètes des khassaides appelés ordinairement les chanteurs de khassaides et leur forme d’expression.Nous avons l'intention de visiter trois répertoires le janggum awwu ou le socle, le kurël ou le niveau de référence et le rajaz ou le niveau expert.

1.Le janggum awwu 

Le janggum awu est le socle en matière de chants de khassayides. C’est la base car la chœur peut se contenter d’un seul vers qu’il répète inlassablement tandis que le chanteur principal appellé ‘jang kat bi’ visite tous les autres vers. C’est la forme de chant la plus populaire. Elle a des vertus pédagogiques indiscutables. Combien de talibés ont connu des khassayides dès leur plus jeune âge alors qu’ils ne savaient pas encore lire les textes en arabe grâce à ce type de prestation. Il a une autre particularité qui est le ‘beurkheule’. Certains membres du groupe autorisés par le chanteur principal ajoute des phrases, des formules de remerciement à destination de certains cheikhs entre deux vers déclamés par le chanteur qui ,en ce moment là, officie tout seul. 
Le pionnier en matière de jangum awwu est Baye Cheikh Fall KHATTABA. Sa voix rauque et puissante berce encore le cœur des mourides qui l’écoutaient dans les années 40 et 50. Baye cheikh Fall khattaba a vu Serigne Touba. A ses débuts quand il chantait les gens en rigolaient. Il a été voir Serigne Touba et lui a demandé de prier pour lui. Nous avons ses chants enregistrés dans les années 50 alors qu’il était déjà vieux. Son fils spirituel est Serigne Matar MBAYE. D’ailleurs dans ses dernières prestations , il faisait juste les ouvertures pour Serigne Matar Mbaye. En écoutant ce dernier on sait qu’il a reçu en héritage toute l’énergie et les vertus attachées au style de Baye Cheikh. 
Les premiers mourides arrivés dans les grandes villes du Sénégal dans les années 50 ne jurent par contre que par Serigne CHEIKH LO. Son chakkawtou, son roumna chakkour et son rabboune karimine restent gravés dans le cœur de tous les mourides morts ou vivants. Cheikh LO était un homme élancé, de teint clair avec des lunettes noires au visage. Il nous a quitté en 1964. Que le mouride qui passe à l’hôpital Aristide Le Dantec ait une pensée pieuse pour ce grand chanteur décédé à la salle Laennec. Le jour de son enterrement que des larmes ont coulé . Serigne Fallou Mbacké lui-même lui a donné une couverture venant de Serigne Touba. Serigne Mbacké Madinah s’est mis devant sa maison, fait exceptionel, pour accueillir le convoi funèbre. L’ORTS diffusait en direct ses chants sur tout le Sénégal. 
ON ne pourra pourtant plus parler de janggum awwu sans parler de Serigne Modou SAMB. Appelé à ses débuts le chanteur de kaolack, il fut découvert publiquement en 1963. Il est venu juste à point nommé alors que les mourides étaient orphelins de cheikh Lô . Aveugle de naissance, il connaissait les khassayides par cœur dés son plus jeune âge. Il chantait avec une telle passion et une telle précision que lors de ses prestations on pouvait se retrouver avec un auditoire drapé dans un silence palpable . Son mawaahibou est à visiter. Un des vers de ce khassida lui avait inspiré un éclat de rire devenu un xakataaye anthologique. C’était yakfif tidaaha . Son chakkawtou est devenu un classique dans tout le baol. De taille moyenne, teint noir avec des lunettes de la même couleur, il a popularisé le bonnet noir, mbaxané thiourrou thiarra (pompon). Ses chants commençaient vers 22 heures . Et à l’aube on pouvait savourer son appel à la prière . Il nous a quitté brusquement en 1976. En revenant de Saint Louis où il avait chanté la veille, leur voiture a fait un accident au fameux rond point de BATA à Bargny. Lors de ses funérailles tous ses fils spirituels restaient bloqués quand ils arrivaient sur l’éclat de rire inspiré par le khassida mawaahibou et finissait en sanglots. Alors un autre reprenait. Serigne ousseynou Thiam renonça. Serigne mory Séne ne put aller plus loin. Ce jour là seul Fallou NDIAYE put terminer son mawaahibou. Il est devenu le digne successeur de Modou Samb. D’ailleurs il fut repéré très tôt par le maître. Il a repris le même style . Il n’a pas oublié le bonnet noir, les lunettes teintées et la bague que Modou Samb tournait et retournait quand il chantait ‘lam yabdou’. Aujourd’hui Fallou Ndiaye perpétue cette habitude de son maître. Fallou NDIAYE est aussi un grand chanteur individuel. Dans ce domaine son mâitre est Serigne WADE. Ils ont d’ailleurs le même cheikh, Serigne Mbacké Madina. 
En matière de jangum awwu, il est indispensable de découvrir Serigne Ibra Kane, Serigne NDIAGA DIEYE, Serigne Mory Sène, Aladji Gamou, Baye Ablaye Niang de Saint Louis, Baye Saliou Thiam de Mbacké, Baye Saliou Thiam de Ndiarème, Serigne Abdou Khadre Sèye neveu de serigne ibra bouba Fall et, disciple de Serigne Massamba Mbacké le Maître d’œuvre du kurêl. 


2.Le Kurêl ou la référence 

Le kurël est notre deuxième rubrique. Certains l’appellent mawloud en souvenir des prestations de khassayides lors de la célébration de l’anniversaire de la naissance du prophète Mouhammad sas, le Gamou. Le kurël c’est le chant en chœur avec un leader (debbé kate –celui qui donne le ton) pour changer de mélodies ou de khassida, élever le niveau ou baisser celui-ci (Riim, xajji, yêkkêtti wala Samp.. Ou faire des ondulations vocales. Le niveau peut être classé comme la référence en matière de prestations de khassaides. C’est des chants de très bonne facture avec des richesses inépuisables tant au niveau des mélodies que des signes sans parler de la solidarité entre les membres du groupe et de la spécialisation des membres tant aux débuts de chaque vers qu’à la terminaison qui doit être soignée. Le pionnier est incontestablement Serigne Massamba Mbacké. Le premier chef de son kurël était Serigne Ibra Bouba Fall jusqu’en 1907. Rendons hommage à ses premiers compagnons, Serigne Modou Kane Dia, Serigne Allé sylla, Serigne Cheikh NDAO frère de Serigne Diadji NDAO disciple de Serigne Touba et père de Serigne Youssou NDAO , Serigne Ibra Samb, Serigne Saer Diop, Serigne Mactar Dieng, Serigne Modou Samba BALLA , Serigne Moussa Diagne. Quant à Serigne Mahib Gueye il a appris Dieuzebou, Moukhadimate et Mawaahibou par cœur auprès de Serigne Ibra bouba Fall. Et a commencé à chanter en 1912 quand ils sont arrivés à Diourbel. Rappellons que le kurël de Serigne Massamba chantait debout, les kalas autour de la taille devant Serigne Touba. Nous vous présentons dans le site le kurël dirigé par Serigne Mahib Gueye et dont les membres sont Serigne Youssou Ndao, Serigne Mbacké Fall, Serigne Mbacké Diagne, Serigne Abdou Bousso, Serigne Ousmane Dieng, Serigne Alioune Diop et Serigne Cheikh Gueye fils de Serigne Mahib Gueye. Cette forme d’interprétation a été suivie par le kurël de Darou Moukhty. Dans les années 60 est née le kurël de baye Mbaye Niang appellé le kurël de « wakeur Serigne abdoul ahad Mbacké à cause de leur attachement au service du khalif cheikh Abdoul Ahad Mbacké. Nous n’oublierons pas les centaines de kurël formés dans les daaras de serigne Saliou Mbacké avec toutes les catégories d’âge. Aujourd’hui les dignes continuateurs de ses kurëls sont le conservatoire de la daara hizbut tarqiyah avec un professionnalisme et une ambition perfectionniste admirables. Nous avons aussi le conservatoire de hizbut tarqiyah darou khoudoss , le kourelou cheikhoul khadim mafitahul bichri pikine rue 10, le kurël Ahlul Minan, le kurël de l’université Cheikh Anta Diop Majmooha Noreyni, celui de l’université de Saint Louis, Mafaatihul Bichri. Enfin il est de tradition de voir les grands prestataires de Kurêl faire des présentations individuelles. C’est le « Rajaz. » 

3. Le RAJAZ ou chant de l’expert 

Au sens propre, le « Rajaz » est une métrique, une des multiples versifications de la langue arabe. C’est une métrique ‘bakhrou’ en arabe très rythmée avec une musicalité exceptionnelle. Serigne touba l’a beaucoup utilisé dans ses panégyriques. Des khassayides comme jawartou, jaalibatoul marakhib, ont été composés en rajaz. Populairement quand une personne chante toute seule on dit qu’il fait du rajaz ‘dafay rajaz’ . C’est un emprunt. Quant aux anciens quand une personne faisait une prestation individuelle, ils disaient ‘dafay danguinou’. Cette précision m’a été faite par serigne moumamadou mahmoud Niang, notre ami et maître. Le Rajass C’est le niveau expert. Le chanteur est une étoile inspirée par les khassayides et à son tour il inspire les chanteurs novices et forme le repertoire où puisent les différents groupes pour les chants du conservatoire. 
Nous avons une illustration avec Serigne Mahib Gueye, jawrigne du grand conservatoire de Serigne Massamba. Il a chanté individuellement d’autres mélodies que Dieu lui a inspirées. Parmi ces étoiles inspirées et inspiratrices, nous rendons hommage à Serigne Alioune Fall , le prototype du chanteur individuel. Serigne Moustapha Sy fils de serigne Malick Bassine Sy un des cheikhs que Serigne touba avait envoyé au Saloum. Serigne Alioune Fall comme Serigne Moustapha sy faisaient le bonheur des mourides en chantant depuis la grande mosquée sacrée de TOUBA. On se rappelle des walakhad karamna de Serigne Moustapha Sy tous les vendredi entre les deux appels à la prière à la grande mosquée de Touba. Rendons hommage aussi à Serigne Mbaye Diop tant affectionné par Serigne abdoul ahad Mbacké. Aveugle de naissance il était tellement aimé par serigne Abdoul Ahad qu’après son décés, Serigne Abdoul Ahad a repris sa mélodie avec le khassida moukhadimat. Nous n’oublierons pas Serigne Aladji Cissé, disciple de serigne bassirou Mbacké aux mélodies réclamées par Serigne Saliou Mbacké longtemps après son décès. Serigne Moustapha Diop est devenu un pilier incontournable. Si vous voulez le voir, l’entendre allez au mausolée de Serigne Fallou Mbacké où il pointe tous les jours. Quant à Serigne Moustapha Kébé, ses airs sont un défi pour tous les conservatoires contemporains. 
Retenons notre plume de peur de nous noyer dans cet océan de bienfaits que constituent les formes d’interprétations des khassayides en demandant à Dieu d’accorder son agrément à tous les disciples de Serigne Touba et qu’Il ne cesse de nous inspirer et de nous guider. AAmin. 

Votre fidèle serviteur Serigne Modou Mamoune NDIAYE. Membre Fondateur du groupe khassida.com 


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