Attendu de pied ferme par le Khalife général des mourides, sur la question du redécoupage annoncé de Touba, le Président Macky Salla n’a pas tardé à rassurer Serigne Sidy Mokhtar Mbacké. Dès son retour de Bruxelles, jeudi, il s’est entretenu avec le porte-parole du Khalife sur la question et lui a assuré que «la commune spéciale est retenue» et que «rien ne sera amputé de Touba».
Le projet d’érection de Touba en commune, avec les pleins pouvoirs au Khalife général, a été définitivement retenu par l’Etat du Sénégal, en accord avec le guide suprême de la communauté mouride. Le Président Macky Sall, dès son retour de Bruxelles, s’est entretenu, selon une source concordante, avec le porte-parole du Khalife général des mourides sur le sujet, au téléphone. A l’issue des discussions entre les deux hommes, il a été retenu de faire de Touba une commune spéciale, dont les conseillers seront choisis et investis par Serigne Sidy Mokhtar lui-même, comme il est de coutume.
S’agissant du projet de redécoupage de Touba, dans le cadre de l’Acte III de la décentralisation, le chef de l’Etat a renouvelé au Khalife général son engagement à ne pas retoucher la configuration administrative de Touba. Il a donné ses assurances qu’il n’envisage pas un tel redécoupage et ne saurait jamais envisager de prendre une décision sans au préalable recueillir l’avis et les recommandations du guide de la communauté mouride.
«La commune spéciale est retenue, rien ne sera amputé de Touba», aurait dit Macky Sall à Serigne Bass Abdou Khadre, selon nos sources qui renseignent que «le chef de l’Etat a été ébahi d’un tel projet dont il n’était pas informé ». «Mon pouvoir passe, celui de Touba est éternel», aurait-il confié au bout du fil, avant de renouveler au Khalife sa disponibilité et son engagement à poursuivre les chantiers de la ville et faire de Touba une ville moderne.
Les nuages ainsi dissipés entre le chef de l’Etat et la communauté mouride, après ce qu’on pourrait appeler une incompréhension, il reste maintenant à savoir quel sera le quota qui sera alloué aux hommes politiques,-notamment l’Alliance pour la République (Apr) du Président Sall – dans la liste unique traditionnelle du Khalife, parrainée par le pouvoir en place.
POURQUOI TOUBA VEUT RENFORCER SON LEADERSHIP ?
L’expansion démographique de Touba fait que la ville sainte est obligée d’installer ses grand projets hors de la communauté rurales de Touba Mosquée. Le titre foncier qui couvre près de 36 000 ha est, en effet, presque entièrement occupé. Et en jetant un coup d’oeil sur le Plan directeur d’urbanisme, on constate que de grands projets comme l’aéroport de Touba sont prévus à Touba Fall, d’autres réserves comme la zone industrielle étaient pressenties entre Mbacké et Ngabou. La communauté rurale de Missirah, à quelques encablures de Touba, sera dans un futur proche relié directement à Touba, vu la cartographie des derniers lotissements. Fort de ce constat, ces futures communes de plein exercice comme Touba Fall, Dalla-Ngabou et Missirah, vont, à coup sûr, jouir des retombées économiques des grandes installations précitées.
Les autorités religieuses de Touba, conscientes de cette situation, veulent s’entourer de garantie sur les limites administratives de ses futures communes qui font partie intégrante de la ville, historiquement et sociologiquement.
UNE COMMUNAUTE URBAINE EN PERSPECTIVE ?
Même si cela n’a jamais été abordé par les autorités religieuses, en charge de la ville sainte, la carte démographique de Touba illustre la nécessité d’une intercommunalité, voire une communauté urbaine. A y voir de près d’ailleurs, les trois futures communes et celle de Mbacké forment une agglomération d’environ 750 000 habitants, si l’on se réfère au dernier recensement. Les communes étant toutes contiguës, voire incluses dans l’espace qui couvre le titre foncier de la ville sainte, aucune d’elle ne pourra s’affranchir totalement du grand pôle économique qu’est la ville de Touba. Celle-là, à son tour, aura besoin de débouchés sur les autres communes, afin d’y installer des infrastructures nécessitant une délocalisation.
D’ailleurs, les «réformistes» qui s’expriment tout bas, pensent qu’un seul maire ne peut plus diriger avec efficacité les destinées de cette localité considérée comme l’une des plus grandes villes démographiques du Sénégal. En revanche, les autorités en charge de la ville sainte gagneraient, disent-il, à réfléchir sur la création de communes d’arrondissements à l’intérieur de Touba. Cela permettra demain, selon eux, d’intégrer la communauté de Touba Fall et autres dans l’espace urbain de Touba. Le tout sous l’autorité du Khalife général qui n’aura plus de soucis à se faire. Et les inquiétudes liées à une mainmise de l’Etat sur Touba seront ainsi définitivement dissipées.
Le Populaire
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