Chers gouvernants, n’hypothéquez pas nos intérêts!
Ces derniers jours, le Président de la République a pris la décision d’envoyer 2.100 de nos soldats à la péninsule arabique, décision que le Ministre des Affaires Etrangères a essayé d’expliquer par la suite aux députés.Tout cela est dans l’ordre normal des choses, mais ce qui me tracasse c’est l’explication servie par les autorités. Cette explication ne reflète, en fait, que le peu de respect que la majorité de nos hommes et femmes politiques ont pour le peuple sénégalais.
Lorsque ces autorités parlent de protéger les Lieux-Saints de l’Islam, de défendre l’Arabie Saoudite ou de combattre le terrorisme, elles ne font que berner les Sénégalais. La vérité est qu’il n’y a aucune menace à l’endroit de l’Arabie Saoudite, encore moins contre les Lieux-Saints de l’Islam et qu’aucun groupe n’a attaqué le territoire saoudien. Au contraire, ce sont les Saoudiens qui ont attaqué, en coalition avec certains pays, des rebelles yéménites (non des terroristes) qui combattaient leur propre gouvernement pour des raisons internes qui concernent les seuls Yéménites.
L’arabie Saoudite peut avoir le droit, dans son éternelle rivalité avec l’Iran, de se méfier d’un pouvoir au Yémen dominé par les chiites et de prendre les devants pour parer à une telle éventualité. Le Sénégal aussi a le droit d’apporter son soutien à ses amis. Mais est-il obligé de suivre les Saoudiens sans penser aux éventuelles conséquences économico-politico-diplomatico-sécuritaires?
Si les Saoudiens et les Arabes d’une manière générale ont du mal à avoir des relations de confiance avec les Perses et s’ils essaient, comme toujours, d’attirer la majorité des musulmans à leur côté en présentant cette hostilité séculaire comme un problème insoluble entre sunnites et chiites, nous, Sénégalais, avons le droit d’avoir de bonnes relations avec tous les pays et tous les peuples.
Par principe donc, cet engagement sans concertation nationale ne me semble pas sage. Mais ce qui m’inquiète le plus c’est de faire faire la sale besogne à nos jàmbaar en les envoyant à des opérations au sol qui constitueraient le plus grand danger.
Chers gouvernants, je ne demande pas de tourner le dos à nos amis dont l’Arabie Saoudite, mais j’appelle à faire en sorte de ne pas créer inutilement des ennemis.
Touba, Darou Salam-NDame, le 06 mai 2015.
Cheikhouna MBACKE Abdoul Wadoud
cheikhouna@yahoo.fr
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