Le «café Touba» est devenu,
par la force des choses, une boisson très prisée, qui voit ses
consommateurs augmenter de jour en jour. C’est un véritable phénomène
qui mobilise beaucoup de jeunes dans un commerce aux contours non encore
définis dans le marché. Qu’est-ce qui explique cette forte consommation
du «café Touba» ?
Le
« café Touba » est une boisson composée de café aromatisé au poivre de
Guinée, ou piment nor (diar, en Oulof), une épice tirée du fruit séché
du Xylopia aethiopica. Ce café a d’abord été désigné sous le vocable de
«café saaf» par de nombreux Sénégalais. L’appellation «café Touba» se
réfère à la ville de Touba, fondée par Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, en
1887, plus qu’un nom de ville. «Touba», dérivé d’un mot arabe, «Tûbâ»,
qui signifie «béatitude». Et c’est bien à ce bonheur qu’invite le « café
Touba ».
Il
connaît un grand succès au Sénégal et bien au-delà. Suite à un exil au
Gabon, décidé par l’autorité coloniale française en 1902, Cheikh Ahmadou
Bamba ramena le « café Touba » en guise de cadeau. «Suite à son séjour
parmi des populations d’origines différentes, il constata l’effet
tonifiant du café sur les colons Français et décida de le ramener à sa
communauté», rapporte Serigne Fallou Ndiaye. Le «café Touba» est
sélectionné parmi les meilleurs cafés du monde (Robusta, Arabica,
Santos, Brésilien…) Il est associé au cours de sa préparation au poivre
de Guinée ou «diar en Oulof», également appelé (Xylopia Aethiopica),
indispensable, pour relever le goût du « café Touba ».
Il
faut l’écorcer, le dépoussiérer, le trier minutieusement, le rincer et
le sécher. Il faut ensuite le torréfier au feu à une température et pour
un temps bien précis. Le tout moulu, tamisé et, au besoin, mis dans des
emballages adaptés.
Entre bénédiction et addiction.
Pour
les mourides, le « café Touba » représente, au-delà de la boisson,
l’expression concrète de leur appartenance au mouridisme, mais aussi un
moyen qui les rapproche des bénédictions du Cheikh. Dans les «daaras»,
les maisons et même dans les lieux de travail, être talibé de Serigne
Touba rime avec « café Touba ». Cependant, depuis un certain temps, la
consommation du «café Touba» a pris des proportions exceptionnelles. Il
est consommé par beaucoup de Sénégalais, de tous âges et sexes confondus
(mourides, autres confréries et même des non musulmans). La vente du «
café Touba » est une activité qui mobilise de nombreux jeunes. En
attendant de trouver mieux, ils sont, aujourd’hui, nombreux à
s’engouffrer dans la brèche ouverte par la vente de ce produit. Les
jeunes vendeurs de « café Touba » se comptent par plusieurs dizaines
dans les rues, les marchés, les grands rassemblements et autres
cérémonies religieuses. Les populations prennent le fameux « café Touba »
dans de petites tasses en plastique, à 50 Francs Cfa ; le verre de «
café Touba » bien chaud et légèrement mousseux. Le business autour du «
café Touba » est de nos jours l’un des plus accessibles pour les jeunes.
Ils refusent d’abdiquer, se disant que «la bonne volonté raccourcit le
chemin» et en même temps, ils y trouvent leur compte.
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