Quelles leçons tirer du démenti de Serigne Mountakha ?
J'en ai vu, pour ma part, trois.
Le premier enseignement que j'en tire est ce que beaucoup d'entre nous savait déjà depuis longtemps. L'existence dans notre pays d'une certaine presse dont l'absence inouïe de déontologie et de professionnalisme est des plus choquante. Une presse qui est prête, pour être les premiers à diffuser un scoop, à publier n'importe quoi, n'importe comment, sans aucune vérification ou tentative de recoupement, quitte même à brûler le pays par une information erronée que nul ne pourra accréditer ni réfuter à temps. Une « presse des mille collines » (de plus en plus des sites webs sans foi ni loi) dont la plupart appartiennent, en réalité, à des hommes politiques et qui constituent des armes de destruction massive pour déstabiliser à tout prix le pouvoir (qui dispose lui aussi de ses propres plumes et relais de propagande médiatiques non moins tendancieux). Moralité : les citoyens sénégalais devront faire preuve de plus de prudence et de circonspection dans les informations qui leur sont fournies (surtout à l'heure des réseaux sociaux), pour ne pas faire le jeu de ces types de médias pyromanes.
La seconde leçon que l'on peut tirer du présumé « incident » réfuté par S. Mountakha est que beaucoup de nos condisciples mourides sont actuellement tombés, malgré eux, dans le piège de l'anti-mackysme primaire. S'étant peu à peu radicalisés face aux erreurs récurrentes, aux actes inappropriés et autres discours dévalorisants envers la religion du Président Macky (dont on se demande même quelques fois s'il a ou s'il écoute des conseillers religieux), ces condisciples nourrissent en outre une sorte de frustration nostalgique par rapport aux actes et discours ostensibles du Président Wade sur sa « mouridité » ou même envers ses libéralités fastueuses dans la ville sainte (qui avaient des motivations purement politiciennes à mon avis). Ainsi certaines postures de l'actuel président, au nom de sa conception des « valeurs républicaines » (sur laquelle je suis personnellement assez dubitatif), ont-elles une résonance particulière dans le subconscient collectif mouride et accréditent aux yeux de beaucoup son présumé anti-mouridisme (ou même anti-islamisme imposé par les « lobbies »). C'est cette disposition d'esprit particulière qui explique d'après nous les réactions excessives suscitées par ce supposé incident chez beaucoup d'entre nous. Car, il est fort à parier que le même incident aurait eu lieu du temps de l'ancien président mouride, ces condisciples ne lui auraient pas donné la même ampleur ni la même interprétation. Moralité : la meilleure attitude nous semble être l'objectivité, l'équilibre et le sens de la justice, plutôt que le radicalisme aveugle et les critiques subjectives. Ainsi, à chaque fois que le président de la république posera des actes préjudiciables à la nation ou à la religion qui méritent d'être critiqués, le faire en toute objectivité, en n'ayant en vue que l'intérêt supérieur de la nation et de la religion. Si, par contre, il agit dans un sens jugé positif et utile, l'encourager et l'y soutenir. « Certes Dieu aime ceux qui sont équitables. » (Coran)
Troisième et dernier enseignement : nous les mourides devront faire davantage attention aux pièges de la politique politicienne. Car il nous arrive trop souvent en ces temps, et malheureusement, de céder aux confusions de genre et aux manipulations des politiques qui ne reculent devant rien, même la profanation des choses les plus sacrées, pour atteindre leurs objectifs électoraux (comme le prouvent les sorties malencontreuses voulant surfer sur la colère des mourides pour les monter davantage contre le régime). Actuellement, ce piège des politiques et des médias nous mènent non seulement à nous focaliser excessivement sur des faits divers et événements médiatiques sans aucune plus-value réellement « mouridique », mais nous fait même oublier les choses fondamentales. A savoir les vraies valeurs mourides de pardon, d'indulgence, de justice, de quête exclusive de l'Agrément de Dieu et tous ces nobles principes chers à Serigne Touba.
L'attitude de Serigne Mountakha Bassirou est donc un excellent rappel pour nous tous. Un rappel qui nous enseigne, qu'au fond, les choses périssables de ce monde ne valent pas grand chose devant les valeurs éternelles de Dieu. Qu'au fond nos puériles querelles politiciennes ne valent rien devant l'immense patrimoine que Serigne Touba nous a légué. Que les différentes appartenances et obédiences ne pèsent rien devant le sens de la justice et de l'équité.
Et c'est peut-être cela, ce retour vers les Fondamentaux, la véritable leçon de ce Magal 2015...

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