WIRD VERSUS KHIDMA 

Par le Dr. M. Moustapha Diop


Le vrai débat qui mérite d'être posé, c'est celui-ci : qu'est ce qui définit le murid ou bien qu'est-ce qui lie le murid à Serigne Touba ? Est-ce le wird ou est-ce le khidma ou est-ce le jebalu ( bay'a) ? Pour clarifier le débat et les termes du débat, il convient de dégager ce qui suit. Qu'est ce qui se dit au sein de la confrérie ? 


Dans son livre, Dr Khadim Sylla affirme que la pratique du wird n'est pas une condition pour être mouride. Selon lui, du vivant de Serigne Touba, des gens étaient de sincères mourides, alors qu'ils n'ont jamais pratiqué le wird. Ils étaient dans le khidma du cheikh. C'est celui-ci qui leur a permis de se réaliser spirituellement. C'est grâce au khidma qu'ils se sont purifiés des souillures de la vie humaine, et des maladies qu'elle comporte. C'est ainsi qu'ils ont accédé à l'agrément de Dieu. C'est par le khidma que certains ont pu obtenir l'agrément du Cheikh. Donc le khidma est un pilier dans la démarche de Serigne Touba. On peut même dire que c'est la marque de fabrique de la Mouridiyya. 


Pour certains , ce qu'on peut appeler «l'école mauritanienne» de la Mouridiyya, la qualité de mouride ne s'accorde qu'avec la pratique du wird. En d'autre terme, pour eux, le mouride est celui qui pratique quotidiennement le wird. La pratique du wird est une condition pour être mouride. En résumé, selon cette école très influencée par les Maures, la mouridité sans la pratique du wird est imparfaite. Mais si la réception du wird date de 1904, les mourides qui ont fait allégeance antérieurement, ils étaient des mourides ou non ? Donc, on ne peut pas négliger le jebalu ( bay'a). 


Pour d'autres, le mouride est celui qui a fait allégeance à Serigne Touba ( jebalu) et doit prouver sa mouridité à travers son caractère, son action et son comportement. Voilà le véritable mouride. 


En conclusion, l'aspiration ( irada) est le nom qui s'applique véritablement au mouride, elle est son essence, sa patrie, son identité, son état, son âme, sa vérité et sa face. Sans cette aspiration, le mouride n'existe pas. Dans ce sens, le mouride est celui qui ne cherche que l'agrément de Dieu où qu'il se trouve et dans tout ce qu'il fait. Il s'y ajoute que la démarche de Serigne Touba va au-delà de la dimension de tariqa, même s'il possède son propre wird. D'où la dimension iman, islam, ihsan qu'il fait toujours référence. Ce qui correspond au discours de Serigne Touba : « je ne possède pas une tariqa. Je n'ai fait que réhabiliter la voie du Prophète et de Ses Compagnons qui avait perdu son éclat et sa forme....»


Par Dr. M. Moustapha Diop

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